Faites l’Amap, pas la guerre
Quand on en a marre...
de manger des légumes sans goût, poussés à coup d'agrochimie, ou des poulets élevés aux antibiotiques,
d'aller faire ses courses dans un supermarché,
d'encourager un modèle agroalimentaire qui programme la fin des paysans et de l'agriculture à visage humain,
de subir les décisions politiques en matière agricole,
… la solution la plus radicale consiste à cultiver son jardin, élever ses poules et ses brebis, et fabriquer son fromage. Encore faut-il en avoir l’envie, le temps et l’espace. Quand on habite en ville, ce n’est même pas la peine d’y penser. Et puis, tout le monde n’est pas un paysan dans l’âme...
Heureusement, il existe d’autres alternatives. Notamment l’Amap qui permet d’avoir de bons produits, de se passer de la grande distribution, de soutenir les paysans. Bref, de reprendre le contrôle sur notre carburant le plus vital. Pas le pétrole, mais notre nourriture.
Souvent, on adhère d’abord à une Amap pour avoir de bons légumes, souvent aussi pour qu’ils soient bio. De ce côté-là, on est bien chanceux avec Benoît qui est un vrai as du maraîchage et qui est labellisé AB.
Il ne faut cependant pas vouloir manger des fraises en hiver et des poireaux au mois d’août. On ne consomme plus que des produits de saison. Et c’est un vrai bonheur d’attendre la prochaine distribution pour savoir ce que notre panier nous apportera, c’est un peu comme comme si c’était Noël tous les samedis ! En général, les amis des Amapiens sont ravis d’être invités à dîner chez eux : c’est l’assurance de découvrir des saveurs inédites et authentiques. Car, en général, les Amapiens sont des épicuriens et ça se sait très vite !
Et puis, grâce à ce panier donc on ne choisit pas la composition, on est invité à goûter des légumes qu’on n’aurait pas pensé ou osé acheter, ou qu’on n’aurait pas trouvés sur un marché classique ou au supermarché (panais, patidou, pâtisson, ou des légumes plus courants mais qu’on n’a pas l’habitude de cuisiner).
Souvent, l’Amap ne concerne pas que les légumes. Nous sommes particulièrement chanceux puisqu’en plus d’avoir une grande diversité de légumes de qualité, nous avons conclu des partenariats avec Jibé qui fournit à ceux qui le souhaitent œufs et volailles, Laurence la chevrière qui nous livre en fromage et en faisselle, Henry en pommes et en cidre, Sabrina et Gilles en farine et en pain. On peut ainsi être quasiment autonomes par rapport à la grande distribution.
Mais faire partie d’une Amap, ce n’est pas seulement s’approvisionner de façon originale en produits de qualité, c’est également connaître celui qui les produit. Cela suppose de lui donner un petit coup de main lors d’ateliers- découverte. Ainsi, on prend conscience du travail et des contraintes que ce métier représente et donc de sa valeur réelle.
C’est aussi un peu de temps à y consacrer. En effet, il n’y a ni manutentionnaire, ni caissière, ni chef de rayon. Il faut donc mettre la main à la pâte : assurer une permanence de temps en temps pour les distributions hebdomadaires, s’occuper de collecter l’argent des souscriptions, entretenir les relations avec les paysans et participer à toutes sortes d’activités comme elles se pratiquent dans n’importe quelle association. Et comme dans tout groupe, il y a ceux qui s’y consacrent presque entièrement et ceux qui s’engagent mais en accomplissant le minimum requis, voire moins.
L’Amap permet aussi de recréer du lien social, notamment dans les milieux urbains. On choisit généralement l’Amap de son quartier et ce sont donc des voisins qu’on y croise chaque semaine et qu’on croise ensuite souvent par hasard dans la rue. On noue aussi des relations avec des structures associatives, sociales ou culturelles qui accueillent les distributions (jardins partagés, centres d’animation municipaux, squats artistiques, cafés engagés). L’Amap joue aussi un rôle pédagogique car les curieux sont nombreux à vouloir comprendre ce qui se passe lorsque nous nous retrouvons pour la distribution. On explique alors le projet, son fonctionnement et ses objectifs, ce qui peut faire naître une prise de conscience.
N’oublions pas qu’adhérer à une Amap représente un engagement solidaire dans la durée puisque l’adhérent signe un contrat de six mois ou d’un an avec le paysan partenaire ainsi qu’une obligation (aménageable) de venir chercher son panier toutes les semaines dans un créneau horaire donné.
En résumé, faire partie d’une Amap constitue un acte politique à une échelle humaine tout en étant la source de beaucoup de plaisir (culinaire, social, culturel).