Faire connaître le fonctionnement d'une Amap, partager des informations sur les légumes et la façon de les cuisiner.
Les volailles et les œufs que la ferme de la Bilouterie livrent à nos deux Amap de Paris 19ème (la Cagette de Belleville et les Mauvaises herbes de la butte) sont vraiment succulents. C’est probablement parce que les volatiles y sont traités avec bienveillance et bien nourris. On ne peut pas dire qu’ils souffrent de surpopulation. Si l’élevage de Jibé Bertrand ne ressemble guère à la basse-cour de nos livres d’enfant, il reste néanmoins à taille tout à fait humaine.
A 20 ans, Jibé ne pensait pas qu’il deviendrait agriculteur comme une bonne partie de sa famille. Il se voyait plutôt dans les bois. C’est d’ailleurs pourquoi il a suivi une formation forestière. Mais à 20 ans justement, l’agriculture l’a tenté. Il a donc réorienté ses études vers un BTS agricole, avec une spécialisation en bio. Il a convaincu son père, qui allait lui céder son exploitation, de convertir la terre en bio. Car Jibé avait le projet de mettre en place un élevage de volailles nourries avec les céréales cultivées par lui. En 2002, il reprend l’exploitation désormais bio. Il construit un hangar ouvert dans lequel sont stockées les céréales et les deux poussinières ainsi que des bâtiments des volailles.
Aujourd’hui, Jibé cultive une centaine d’hectares pour nourrir ses bêtes (blé, luzerne, tournesol, maïs, triticale qui est un hybride de blé et de seigle, etc.). Il « élève » par ailleurs, pendant quatre mois environ, 5 000 volailles (poules pondeuses et poulets, pintades, oies, canards, dindes) dans une douzaine de petits bâtiments, tous ouverts sur un parcours où l’oiseau peut aller et venir à sa guise pendant la journée. Car la nuit, tout le monde doit rentrer au bercail, à l’abri des attaques et des vols. Le premier mois, les poussins sont élevés au chaud dans une poussinière. Puis devenues grandes, les volailles sont logées dans un bâtiment où elles resteront trois mois. Avant de prendre la direction de nos assiettes. Et oui, la belle histoire s’arrête là pour les volailles car elles seront abattues à la Bilouterie, puis déplumées et emballées pour rejoindre ensuite la dizaine d’Amap et les boutiques que Jibé approvisionne dans l’Yonne, l’Ile-de-France et le Loiret.
Malgré tous les problèmes qui lui sont tombés dessus : contrôles sanitaires, suspension provisoire des livraisons, bâtiment détruit par la tempête, invasion de chardons et de mauvaises herbes dans les cultures, investissements imposés par de nouvelles normes européennes, vol de centaines de pintades, etc., Jibé continue d’y croire. Et on espère qu’il y croira encore longtemps.